Un New Deal pour sauver l’agriculture !
Après deux jours passés dans le Bas-Rhin et dans les Vosges, à la rencontre des producteurs de chou de Meistratzheim et des sylviculteurs de Moussey et de la Petite-Raon, j’ai visité ce vendredi le salon de l’agriculture. Partout, le même cri : trop de charges, trop de normes, trop de contraintes, trop d’opprobre ! « Vous nous abandonnez, un litre de lait coûte moins cher qu’une cigarette ! » Partout la même défiance face aux politiques : la gauche est disqualifiée par son inaction et la droite a déçu. Car le décrochage français ne date pas d’hier. Depuis 2007 l’Allemagne exporte plus que la France en matière agricole… En 2009, il y avait eu une crise du lait…
Cette défiance est décuplée par le sentiment qu’ont les agriculteurs d’être pris pour des idiots. A chaque salon, c’est la même rengaine des discours convenus qui domine. Comme s’il suffisait de venir parader un jour au salon, pour effacer 364 jours d’abandon ! Comme si le salon était un show, une séance de rattrapage ou de récupération politicienne. Qui croit les promesses, faites aujourd’hui devant les caméras, par ceux qui ne les ont pas tenues hier ?
Assez de discours, de paroles, de palabres ! Notre agriculture meurt, on ne doit plus reculer. Comme vous le savez, je n’ai pas été membre des gouvernements de Nicolas Sarkozy, ce qui me donne peut-être plus d’objectivité. Je n’en connais pas moins très bien nos paysans. Ils sont l’ADN de la France. Candidat à la primaire de la droite et du centre, je m’engage sur un « New Deal » pour sauver l’agriculture qui tient en quatre points :
1°) Changer la donne au niveau européen où la France ne défend plus ses intérêts. Il faut aller au bras de fer pour que la Commission mette en place une politique contractuelle et contracyclique : si les prix mondiaux sont trop faibles, la puissance publique doit intervenir pour permettre aux agriculteurs de vivre de leur travail. Aujourd’hui le cadre européen ne le permet pas ! La France doit aussi se battre pour lever l’embargo russe qui pénalise nos exportations sans faire avancer les dossiers internationaux : Crimée ou Syrie…
2°) Rétablir notre compétitivité. La France doit arrêter de se mettre toute seule des boulets aux pieds. Trois sujets sont sur la table.
– A) Les normes : la France est la « championne » de la sur-transposition des directives. Cela suffit : je propose de « dé-transposer » puis de « re-transposer » ces directives afin d’aligner nos normes sur la moyenne européenne.
– B) Le coût du travail trop élevé par rapport à nos voisins. Je propose d’alléger les charges de 34 milliards € ce qui serait financé par une hausse de la TVA. Cela aurait pour avantage de taxer les produits importés et de lutter contre la spirale déflationniste. Je défends cette idée depuis 2009. La droite ne l’avait mise en place que fin 2011, ce qui était trop tardif, avant que François Hollande ne la supprime. Appliquons là d’urgence !
– C) Les exploitations sont trop petites. Il faut atteindre des tailles critiques qui engendrent des économies d’échelle. Le modèle de la ferme des « 1000 vaches » ne doit plus être un tabou. En Allemagne, sans que cela ne pose de problème, 200 fermes comptent plus de 1000 têtes… Inspirons-nous en ! La qualité et le bien être animal ne sont pas incompatibles avec une exigence de compétitivité. Chacun peut trouver son chemin : l’agriculteur bio, l’agriculteur qui vend en direct, l’agriculteur exportateur... Il n’y pas un modèle agricole mais des modèles agricoles !
3°) Restaurer les marges. La plupart des éleveurs vendent à perte car les intermédiaires rognent les marges. Un producteur isolé ne peut pas faire le poids dans une négociation. Il faut structurer les filières, à l’image des oléoprotéagineux, pour qu’ils soient en position de force face aux intermédiaires.
4°) Réinvestir dans la ruralité. Au-delà de l’agriculture, c’est toute la ruralité qui souffre en silence. Dans l’Aisne, les Ardennes, l’Aude, la Creuse, l’Hérault, le Vaucluse, le taux de pauvreté est supérieur à 18% contre 14% en moyenne... La fracture entre métropoles connectées à la mondialisation et territoires laissés pour compte s’agrandit. Je propose la création d’une Agence Nationale pour le Renouveau de la Ruralité (AN2R) sur le modèle de l’ANRU qui, pour les quartiers sensibles, est un succès de politique publique (Les cités de Meaux en sont la preuve vivante). Cette AN2R financerait trois grandes priorités en zone rurale : la couverture numérique, les transports, l’accès aux services à la personne.
Toutes ces décisions doivent être appliquées rapidement. Je m’engage à les mettre en œuvre par ordonnances dans les mois qui suivront l’élection présidentielle de 2017. L’agriculture n’est pas un métier comme les autres car les biens de la terre nous nourrissent et l’alimentation, c’est la vie. Il faut agir, commander, décider, afin de ne plus reculer. Pour construire une agriculture forte et respectée au service de notre souveraineté alimentaire. Qu’en pensez-vous ?