Les symptômes du malaise français, la France des boucs-émissaires et des pointés du doigt
Pourquoi le malaise français ? Jean-François Copé a eu un déclic qui est parti de son expérience personnelle… Une intuition qu’il n’aurait sans doute pas eue sans l’épreuve qu’il a eue à traverser. De même qu’il a été le bouc-émissaire d’un groupe de personnes qui rêvaient tous de devenir président et ne se supportaient plus, il y a en France 65 millions de bouc-émissaires qui ne se supportent plus. Chacun est considéré comme responsable du malheur de l’autre : le notaire qui est accusé de faire son miel de tous les malheurs familiaux, l’infirmière libérale qui est pointée du doigt car elle gagne mieux sa vie que l’infirmière hospitalière, l’agriculteur de Maubeuge qui est réputé empoisonner les eaux et polluer la planète, l’ostréiculteur de Cancale qui est « fliqué » par l’inspecteur du travail dès qu’il doit faire travailler ses employés la nuit ou le dimanche quand il y a une tempête, le musulman est réputé être un djihadiste en puissance, le catholique un « réac » invétéré, ou le juif responsable de tous les drames de la Palestine…
Sans oublier non plus les coupables idéals : les médias qu’on accuse d’être à la solde de la gauche, les syndicats qui empêchent les réformes, les patrons qui sont forcément voyous et les boucs-émissaires de l’extrême droite : les immigrés (alors qu’il est difficile de rendre les immigrés responsables des 35h ou de la retraite à 60 ans !) et l’euro (alors que l’Allemagne ou l’Italie qui ont la même monnaie que nous s’en sortent mieux !)
En France, tout le monde se sent ainsi le bouc-émissaire d’un autre. Résultat :
- les boucs-émissaires, ceux qui ont les moyens, quittent la France par milliers et le pays se vide de sa substance, de ses forces vives.
- les pointés du doigt, ceux qui n’ont pas les moyens de partir, se replient, deviennent des exilés de l’intérieur, se rassemblent par communautés méfiantes… C’est mortifère !
Mais ces pointés du doigt et ces boucs émissaires se retrouvent sur une cible : les politiques ! On leur fait un procès - légitime - en absence de résultat à la différence de Merkel, Cameron, réélus car ils ont dit clairement ce qu’ils allaient faire et ont fait ce qu’ils avaient dit. En France, la confiance entre les hommes politiques et les citoyens est rompue par 30 ans d’échecs. Partout, ce sont les mêmes reproches qui reviennent : « On ne vous croit plus ! » « Vous ne le faites jamais quand vous êtes élu ! » « Qu’est-ce qui nous prouve que vous le ferez la prochaine fois, alors que vous ne l’avez pas fait avant ? »