Soyons clairs et cohérents : pour une majorité de droite pour un Premier ministre de droite !
Emmanuel Macron a choisi Edouard Philippe comme Premier ministre. J’ai fait sa connaissance il y a quinze ans quand il était directeur de l’UMP, aux côtés d’Alain Juppé. J’ai de l’estime et de l’amitié pour lui. C’est une personne compétente et intelligente qui a fait ses preuves sur le terrain comme maire du Havre. Même si nous avons parfois des idées différentes, il est, je le crois, fondamentalement de droite et nous avons en commun beaucoup de valeurs.
La question qui se pose n’est donc pas un sujet de personne mais de cohérence et de ligne politique. Quelle est la situation ? Le parti d’Emmanuel Macron, la République En Marche, vient d’investir pour les élections législatives des candidats largement recyclés des partis de gauche : élus socialistes, verts, radicaux et membres éminents des cabinets ministériels du gouvernement de François Hollande.
Et voilà qu’il choisit un Premier Ministre de droite. Il y a là une contradiction qui me semble indépassable. Comment vouloir une majorité issue de la gauche pour un Premier ministre de droite ? Comment croire qu’on puisse concilier ces deux inconciliables ? Le risque est d’aboutir à un blocage politique et à un immobilisme qui n’est pas souhaitable alors que la France a tant besoin de réformes.
Dans ces temps de brouillage des repères, il n’est pas opportun d’ajouter du trouble au trouble. Il faut être cohérent avec les Français. Si Emmanuel Macron pense que seuls la droite et le centre peuvent réformer notre pays, comme semble le montrer son choix de son premier ministre, alors il faut donner à la France une majorité parlementaire de droite et du centre. Je dis donc aux Français les 11 et 18 juin prochains « votez pour les candidats LR/UDI ! ». C’est cela, le choix de la clarté, de la logique, le choix de la réforme pour la France.
La volonté d’une recomposition du paysage politique portée par Emmanuel Macron mérite aussi d’être disséquée. Bien sûr, dans l’euphorie suivant l’élection présidentielle, il est de bon ton de saluer cette idée et de faire un procès en « ringardisme » à ceux qui la mettent en doute. Mais, en politique, la sagesse est d’essayer d’anticiper l’avenir, pas de se laisser porter par les modes passagères.
Que se passerait-il si Emmanuel Macron réussissait et poussait la droite et la gauche à l’implosion dès aujourd’hui ? Il ne resterait que les extrêmes, face à une masse du centre, difficilement définissable. C’est le scénario, longtemps espéré par Marine Le Pen des populistes face à « l’UMPS », qui se réaliserait recréant un clivage bien plus dur, stérile et pénalisant pour notre pays que l’actuelle opposition droite-gauche ! Je ne veux pas que nous laissions libre champ aux extrêmes !
Ce scénario de la « recomposition » est d’autant plus critiquable qu’il n’est pas à ce jour plébiscité par les Français. Emmanuel Macron a certes recueilli près d’un quart des voix au premier tour de l’élection présidentielle, mais c’est à peine plus que le Front national, la droite et le Front de gauche… Je rappelle que les quatre premiers candidats se tenaient en moins de cinq points ! Près de 75% des électeurs n’ont donc pas voté pour le candidat d’En Marche et sa volonté de recomposer les forces politiques françaises. Cela doit être respecté. Je crois que l’existence d’une droite et d’une gauche bien définies est à cet égard un gage de diversité et d’équilibre pour la démocratie.
Alors je demande à chacun un peu de patience ! Le premier tour des élections législatives aura lieu dans moins d’un mois. Ne privons pas d’avance les Français d’un libre choix démocratique : ne laissons pas En Marche seule face aux extrêmes ! Il ne s’agit pas de s’inscrire a priori dans une opposition frontale et caricaturale à Emmanuel Macron mais je dis à ceux de mes amis qui hésitent à céder à la tentation d’un strapontin ministériel que rien n’est pire que d’exercer des fonctions politiques dans l’ambiguïté. Rien ne presse : le 19 juin au matin, il sera bien temps de regarder de quelle nature est l’Assemblée voulue par le peuple souverain et d’en tirer toutes les conséquences politiques.
Pour ma part, je ne varierai pas de ligne : le meilleur moyen de faire avancer nos idées est encore d’offrir une majorité de droite à Emmanuel Macron en faisant gagner nos candidats partout en France !