Salafisme, polygamie, burqa : le nouvel électrochoc de l’Institut Montaigne.
L’Institut Montaigne, sous la plume d’Hakim El Karaoui, vient de publier un rapport passionnant intitulé « Un Islam français est possible ». Ce document a l’immense mérite d’esquisser un tableau chiffré de la question musulmane en France et de proposer des pistes concrètes qui méritent le débat.
Un des points saillants de cette étude est la typologie des musulmans de France selon leur religiosité. Ils sont classés en 3 grandes catégories : 46% sont parfaitement à l’aise avec la laïcité et la République ; 25% sont globalement dans une acceptation des lois françaises avec toutefois une attitude ambivalente sur des questions clés comme la pratique religieuse au travail ou le port du niqab ; 28% sont dans un rejet complet du système de valeurs de la République et adoptent une attitude que Montaigne qualifie de « sécessionniste ».
De ces chiffres, on peut tirer une analyse irénique sur le mode : « formidable une majorité relative de Musulmans de France n’a aucun problème avec la République et ses valeurs »… C’est la lecture angélique qu’ont faite un certain nombre d’experts bien-pensants ou de responsables politiques habitués à se voiler la face de peur d’être marqués du sceau infâmant de « l’islamophobie ».
Je pense au contraire que ce rapport confirme qu’il y a un très grave problème dans notre pays. Qui peut se réjouir qu’il n’y ait « que » 46% des Musulmans qui se sentent à l’aise dans le modèle Républicain ? Qui peut se réjouir qu’on ne sache pas si les 25% du « ventre mou » de cette population sont prêts à basculer du côté des modérés ou du côté des fondamentalistes ? Qui peut se réjouir que 28% des Musulmans (près d’1 million de personnes !) rejettent en bloc nos valeurs en défendant notamment le port du voile intégral et la polygamie ? Qui peut se réjouir que 30% des Musulmans ne fassent pas la bise à une personne du sexe opposé ?
Ces données scientifiques viennent illustrer ce que je dénonce depuis des années, sous les sarcasmes médiatiques : oui l’intégrisme islamiste est un défi lancé à la République. Ainsi la polygamie, que j’ai dénoncée le 11 septembre dernier, est une revendication d’une part importante des populations sondées par Montaigne. De même, la question de la burqa, que j’ai faite interdire en France avec l’aide de mes amis députés en 2010, est une ligne de fracture entre les Musulmans eux-mêmes avec d’un côté ceux, majoritaires, qui la rejettent, et de l’autre ceux, minoritaires mais nombreux, qui voudraient la généraliser. Va-t-on pour autant accuser Montaigne d’inventer des histoires de pain au chocolat comme on me l’a reproché ?
Pour l’Institut, nous en sommes arrivés dans cette situation complexe de l’Islam en France à cause de multiples raisons : crise de transition du monde arabe secoué par une peur identitaire et une résurgence de l’islamisme depuis les années 1980 ; difficultés d’intégration pour de nombreuses familles maghrébines passées brutalement d’un système de valeurs patriarcales à un modèle républicain qui valorise les filles à l’égal des garçons à l’école ; crise sociale et économique alors que les musulmans français, surreprésentés chez les ouvriers et les employés, ont eu à subir de plein fouet le choc de la désindustrialisation ; responsabilité des ministres de l’Intérieur français aussi qui ont, de Pierre Joxe à Nicolas Sarkozy, échoué à faire entrer l’Islam de France dans le moule de 1905. N’en déplaise à Nicolas Sarkozy qui, dans son dernier livre, déclarait « que ferions-nous sans CFCM ? » seuls 9% des Musulmans se sentent représentés par cette institution qu’il a mise en place…
Plus que ce constat d’échec que je partage, ce sont les solutions avancées qui comptent. Montaigne en formule quelques-unes que je propose depuis des années : création d’une fondation qui gère de manière transparente les fonds pour construire des lieux de culte, certification des imams, autorisation de carrés confessionnels dans les cimetières, encadrement plus strict de l’abattage rituel… Je fais mienne aussi l’idée d’élire un grand imam de France. C’est une façon intelligente d’incarner l’Islam et de lui donner une direction théologique claire face au fondamentalisme.
En revanche, les préconisations de l’Institut Montaigne me semblent trop frileuses en ce qui concerne la lutte contre l’intégrisme. Ainsi, le rapport déplore qu’un tiers des musulmans refuse de se baigner dans une piscine mixte. Mais il ne propose rien pour mettre fin à cette dérive. De même, il note que les revendications religieuses en entreprise sont un enjeu de crispation majeur : mais il semble se satisfaire du statu quo actuel qui laisse les DRH livrés à eux-mêmes.
La priorité doit être de réaffirmer nos valeurs. De mettre tout comportement extrémiste au ban de la République. Si nous reculons une fois de plus face à l’islamisme, ce sont ces 28% de Musulmans « sécessionnistes » qui risquent de l’emporter au détriment de leurs coreligionnaires qui ne demandent qu’à pratiquer leur foi dans la sérénité.
C’est pour cela que, si je remporte l’élection présidentielle, je proposerai, par ordonnance, de mettre en place un code de la laïcité et des cultes. Ce Code affirmera que les cultes sont soumis au respect des lois de la République et que nul ne peut se prévaloir de ses croyances religieuses pour bénéficier d’un traitement particulier. Cela supposera notamment : d’interdire le port du voile dans un établissement public à l’ensemble des agents mais aussi aux usagers ; d’interdire que soient portés ou exhibés en public des tenues, insignes ou emblèmes manifestant l’adhésion à des convictions radicales incompatibles avec les valeurs républicaines : la polémique de cet été autour du burkini montre la multiplication et la diversification de pratiques et de comportements instrumentalisant la religion pour mettre en cause le vivre ensemble ; de créer un délit qui permette de sanctionner les propos qui relèvent de l’islamisme radical ; d’interdire toute dérogation à la mixité dans l’ensemble des établissements publics ; de permettre aux chefs d’entreprise d’inscrire le principe de neutralité dans leur règlement intérieur et de refuser, pour ce motif, les revendications relatives au port de tenues ou de signes manifestant une appartenance religieuse ou à l’ouverture de salles de prière ; imposer que, hors ce qui relève de la liturgie, le prêche dans l’ensemble des lieux de culte se fasse en français…
La normalisation du culte musulman en France passera avant tout par une lutte sans merci contre tous les comportements radicaux, extrémistes, fanatiques, mis en lumière par ce rapport. L’angélisme n’aura pas sa place dans ce combat pour défendre notre République. D’urgence il faut réaffirmer que, contre l’islamisme, on ne recule plus !