Réflexions d’avant référendum grec.

Requiem pour le programme Le Pen/Mélenchon

Nous sommes en train d’assister en direct au naufrage d’un pays européen dont le gouvernement a été élu sur un programme économique identique à celui de Madame le Pen et de Monsieur Mélenchon. Intéressant d’étudier comment on est arrivé là.

Personne ne peut dire qu’il ignorait la situation. Des mesures douloureuses mais courageuses avaient été mises en œuvre depuis 2010 avec le concours constant de la BCE, des gouvernements européens et du FMI. Des mesures douloureuses mais courageuses avaient été mises en œuvre depuis 2010 avec le concours constant de la BCE, des gouvernements européens et du FMI. « A l’heure où certains voudraient pointer du doigt la responsabilité de l’Europe dans la situation de la Grèce, je pense qu’il ne faut pas inverser les rôles. Les efforts importants demandés aux Grecs sont la contrepartie des plus de 220 milliards d’euros de prêts consentis par les Etats membres, c’est-à-dire les contribuables européens…Les résultats positifs d’ailleurs commençaient à apparaître. La preuve en chiffres : en 2013 le taux de chômage était de 25,4%, il est passé à 24,8% en 2014 ; en 2011 la récession avait été de -8,9%, la Grèce était encore à -3,9% en 2013 pour atteindre une croissance positive de +0,8% en 2014 ; le déficit public est passé de -15,3% en 2009 à -3,5% en 2014… Ainsi après des années de mensonges et de chiffres travestis qui auraient dû interdire la qualification de la Grèce dans la zone euro, voici que ce pays donnait enfin le sentiment d’opérer son redressement.

Mais le prix demandé au peuple grec était considérable. Le chiffre 30 résume ces difficultés. Le niveau de vie des Grecs a baissé d’environ 30% depuis 2008. Le niveau de vie des 30% des Grecs les plus modestes est devenu inférieur à celui de 1986… Soit 30 ans de perdus…

Et c’est alors qu’est apparue la voix de Monsieur Tsipras et de son parti Syriza. Mélodieuse à l’oreille d’électeurs fatigués d’entendre le gouvernement de droite d’Antónis Samarás, en charge depuis 2012, de parler de rigueur budgétaire et de coupes sociales. Son programme ? « Effacer la dette » comme par magie, « augmenter le salaire minimum », rétablir le treizième mois des petites retraites, offrir l’électricité gratuite pour les plus modestes… Bref, un projet « généreux » à entendre mais totalement irresponsable. Avec un non-dit en filigrane : la sortie de l’euro si l’Europe n’acceptait pas ces conditions…

Il est largement élu le 25 janvier récoltant 36% des suffrages contre 29% à la droite. A cette occasion, les commentateurs grecs notent que nombre des électeurs du parti d’extrême droite « Aube Dorée », ont voté Tsipras… Madame Le Pen, à l’unisson de Monsieur Mélenchon, avait d’ailleurs affirmé le 20 janvier : « Oui, nous espérons la victoire de Syriza » et salué le 26 janvier « l’ouverture du procès de l’euro-austérité »…

Commence alors la descente aux enfers. Tsipras est acculé entre le réel et ses mystifications de campagne. Dès son discours de politique générale il parle de « la décision inébranlable du gouvernement d’honorer toutes ses promesses » tout en oubliant de mentionner l’annulation de la dette nationale, pourtant initialement au cœur de son projet. Au contraire il assure que « la Grèce veut servir sa dette ».

Au fil des mois, ce grand écart devient de plus en plus intenable. Tsipras promet des réformes à Bruxelles pour aussitôt les renier à Athènes. Il demande une rallonge financière de la Troïka valable jusqu’au 30 juin, tout en s’opposant à ses contreparties. Il jure ne pas vouloir sortir ni de l’euro ni de l’Europe, tout en travaillant à un plan alternatif avec la Russie de Vladimir Poutine. Acculé dans ses contradictions, il perd la maîtrise des choses jusqu’à improviser en panique un référendum dont la question revient à savoir si les Grecs veulent vraiment rester dans l’Europe. Comment pouvait-il en être autrement ? Ce qu’il acceptait à Bruxelles était inacceptable pour sa majorité. Schizophrénie totale !

Les conditions de ce référendum respectent-elles toutes les règles les plus élémentaires ? Peut-on, en moins d’une semaine, organiser de manière équitable et transparente un scrutin réunissant des millions de personnes ? Est-il raisonnable d’organiser ce vote, crucial pour l’avenir du pays, sans véritable période de débat national ? Ces questions méritent d’être soulevées.

Quels sont les scenarii possibles ? Si dimanche, le oui aux réformes l’emporte, comme je le souhaite, le maintien au pouvoir de Tsipras n’aura plus de sens… Le peuple aura désavoué le populisme. La Grèce aura juste perdu quelques mois dans son chemin vers le redressement.

Si le « non » aux réformes l’emporte, il y a deux hypothèses : soit l’Europe cède en annulant la dette grecque et alors ce sera la victoire désastreuse du populisme contre la raison économique avec, au passage, les contribuables européens créanciers de la Grèce qui seraient lésés. Un pied de nez aux Espagnols ou Portugais qui, en multipliant les réformes, se relèvent aujourd’hui.

Soit la Grèce devra quitter l’euro. Ce qu’on appelle le « Grexit ». Nous aurons alors la triste opportunité d’observer la mise en application concrète du scénario infernal que Madame Le Pen et Monsieur Mélenchon proposent pour la France. J’en prédis le déroulé tragique : un choc de défiance majeur, la Grèce ne pouvant plus emprunter à des taux raisonnables auprès de créanciers échaudés. Une dévaluation de 50 à 60% de la nouvelle monnaie et donc un pouvoir d’achat en baisse d’autant, notamment car la Grèce importe deux fois plus qu’elle n’exporte. In fine une incapacité à financer la dette comme le train de vie courant du pays qui se traduira par une asphyxie économique bien pire que la crise actuelle. Terrible pour le peuple grec.

Voilà. Voilà pourquoi voter pour le FN ou le front de gauche ne consiste pas seulement à voter « protestataire ». En Grèce, les électeurs ont voulu voir. Ils voient. Ce grand pays est aujourd’hui au bord du chaos et ses habitants confrontés à la panique bancaire.

Avis au peuple français. Le recours aux partis extrémistes n’est jamais une bonne réponse. Et désormais, avec l’exemple grec, personne ne pourra dire qu’il ne savait pas. Oui, voter pour les extrêmes est la certitude d’une descente aux enfers. Mais dire cela ne suffira pas à rassurer nos concitoyens : on ne regagnera leur confiance qu’en obtenant des résultats concrets. Puisse chacun l’entendre lorsqu’il s’agira pour les hommes de bonne volonté de proposer les conditions d’un « sursaut français. »

Qu’en pensez-vous ?

A bientôt,

JFC.

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