Quand Maubeuge sauva Meaux...

Journée marathon dans le nord, du côté de Maubeuge, par 40 degrés ! Même les rails du train de retour étaient dilatés par la canicule : pagaille et coup de chaud dans la gare de Lille-Flandres sur le coup de 22 heures. On ne me fera plus jamais dire qu’il manque de soleil dans cette belle région…

Pendant la journée : découverte d’une PME bluffante qui produit de la tôle perforée à grande valeur ajoutée pour les plus beaux bâtiments du monde comme d’autres font de la haute couture, dialogue avec le nouveau maire de Maubeuge Arnaud Decagny et son père Jean-Claude – un briscard de la droite avec lequel j’ai siégé il y a quelques années à l’Assemblée-, débat avec des militants et des entrepreneurs sur la ré-industrialisation de la France, échange avec des éleveurs d’une exploitation de Vieux-Reng, à la frontière belge. J’y reviendrai plus tard, dans un autre billet, après ma visite de jeudi dans la Nièvre.

Et puis, comme vous le savez, à travers mes visites dans toute la France, j’aime toujours prendre un moment pour visiter notre patrimoine. Musées, châteaux, églises, forteresses : la France c’est un chapelet de monuments ! Des monuments qui nous ramènent à notre histoire, nos racines, notre identité… Si l’on dit des Hollandais qu’ils sont un peuple de marins et de peintres… eh bien nous sommes un peuple de magnifiques bâtisseurs !

A Maubeuge, c’est donc la citadelle Vauban que j’ai parcourue avec Jean-Claude Descamps qui se consacre à sa sauvegarde depuis 40 ans. Moustache généreuse. Mémoire encyclopédique. Verbe précis. Passion chevillée au corps. Jean-Claude est l’âme du lieu. Par certains aspects, il me rappelle mon ami Jean-Pierre Verney dont j’ai recueilli la collection au Musée de la Grande Guerre de Meaux

Il faut dire que la citadelle est un petit concentré d’Histoire de France. Après le Traité de Nimègue de 1678, Maubeuge est définitivement française. Louis XIV confie à Vauban le soin de fortifier la ville. En 6 ans, il élève remparts, bastions, demi-lunes… Un modèle du genre à la fois efficace et élégant. La porte de Mons, avec son alternance de brique et de grès, en est un témoignage splendide.

La porte de Mons

Ensuite, Maubeuge et sa citadelle seront de toutes les guerres françaises… Guerres de la Révolution : avec la victoire de Wattignies de Lazare Carnot contre les autrichiens qui encerclaient la ville le 16 octobre 1793 – jour de l’exécution de Marie-Antoinette. Guerres napoléoniennes : Maubeuge résista pendant trois semaines après la défaite de Waterloo en juin 1815. Grande Guerre : Maubeuge subit un terrible siège en août et septembre 1914. Malgré un déluge de bombes le général Fournier résiste jusqu’au bout. La place est prise par les Allemands mais le temps qu’ils ont perdu à Maubeuge permet aux forces françaises de se remobiliser et de préparer la bataille de la Marne qui éclate le 5 septembre du côté de Meaux et inverse le cours de l’Histoire… En quelque sorte c’est donc Maubeuge qui a sauvé Meaux ! Et puis, en mai 1940, Maubeuge est de nouveau assiégée puis prise après une semaine de résistance et un combat d’une rare brutalité : 90% de la ville est détruite… Emotion et vertige devant l’évocation par Jean-Claude Descamps de ces pages terribles de notre histoire, de ces ressacs et de ces sursauts…

Affiche et uniformes dans le musée du corps de garde de la citadelle de Vauban

Pourtant, malgré cette succession d’assauts, la citadelle porte toujours beau. Vauban savait construire ! Impressionnante la trajectoire de ce « matheux » modeste venu de la Bourgogne, repéré par Mazarin, qui révolutionne l’art de la guerre et de la fortification au service de Louis XIV avant de finir dans une semi-disgrâce pour avoir plaidé contre la révocation de l’édit de Nantes et pour l’égalité de tous devant l’impôt . Dans notre pays où les littéraires sont souvent – et à raison !- à l’honneur on a tendance à oublier ce que l’on doit aux ingénieurs comme Vauban qui ont profondément modelé le visage de la France… Alors que la plupart d’entre eux ont la tentation de l’exil, il est prioritaire aujourd’hui de tout faire pour les maintenir sur notre sol. Nos ingénieurs seront en premier ligne pour bâtir le sursaut français…

Qu’en pensez-vous ?

A bientôt,

JFC

Photo : Avec Jean-Claude Descamps, la maquette de la ville ancienne de Maubeuge

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