Pas de sursaut sans considération

A Toulouse, comme pour chacun de mes déplacements, j’ai pris mon temps. Dans ce cheminement personnel entrepris il y a près d’un an, le silence, l’écoute, le partage d’expérience sont mes compagnons de chaque instant. Oui, les réseaux sociaux sont un support majeur d’échanges, je ne vais pas vous l’apprendre !Mais il me semble clé de continuer à privilégier la dimension humaine des rencontres que chacun d’entre nous fait dans son quotidien, et ce pour constater que les conditions de notre rebond collectif, sont peut-être d’abord celles, toutes simples, d’une plus grande considération humaine, source d’une confiance en nous-mêmes dont nous n’aurons jamais assez besoin dans l’avenir…Première réunion de deux heures avec des patrons de PME. Accueilli chez l’un d’entre eux, après une brève introduction sur le sens de mes réflexions, je laisse la discussion se propager d’un interlocuteur à l’autre. Presque tous travaillent dans les services : immobilier, communication, internet, vente à domicile, événementiel etc. Derrière le catalogue déjà bien connu et hélas accablant pour l’Etat, du ras-le-bol fiscal, administratif et réglementaire, je perçois dans les mots, les visages, les expressions, le sentiment de souffrir d’être aussi peu estimés, considérés, respectés pour ce qu’ils sont et ce qu’ils font. Une France active, courageuse, battante, hors des écrans de contrôle parisiens.
Changement de décor. Déjeuner couscous à l’autre bout de la ville à l’invitation d’une association de femmes d’origine algérienne. Je retrouve mes réflexes de maire de Meaux en les entendant évoquer les difficultés de leur quotidien. Précarité, stigmatisation, dérives extrémistes ou intégristes, peur de l’avenir…

J’ai droit à un coup de gueule, sans doute un peu excessif, de l’une d’entre elles sur le thème classique de la droite dérivant vers le FN. J’argumente bien sûr, mais au fond aujourd’hui ma parole importe peu, ce sont elles qui doivent ouvrir leur cœur et exprimer ce qu’elles ressentent dans leur chair, sans filtre, sans fard. Pour moi, le temps de la réponse n’est pas encore venu. Mais là encore j’entends à travers leurs paroles, le besoin d’être simplement prises au sérieux, d’être considérées.

Troisième acte. Départ pour les usines Airbus. Je n’y étais pas revenu depuis 2007. Que de changements ! Miracle européen …et bien sûr français ! La fierté des ingénieurs qui m’accueillent se lit sur leur visage. On est là vraiment dans un cercle de réussite et de reconnaissance. Certes, bien des combats petits et grands sont menés chaque jour. Contre Boeing le grand concurrent, pour la bonne coopération avec les partenaires allemands et espagnols, pour que la recherche progresse, pour que la réussite commerciale de l’A380 soit à la hauteur des ambitions, pour assumer les épreuves comme celle récente du crash d’un A400M… Mais ici, l’audace et l’intelligence sont reconnues de tous. La bataille de la considération est gagnée.

Fin de journée avec la communauté juive de Toulouse dont j’entends le message d’angoisse face à l’antisémitisme. L’affaire Merah est longuement évoquée, sur fond d’indifférence nationale, réelle ou non, mais très durement ressentie à l’époque. Plus de 200 familles juives de la région ont quitté la France me dit-on. Et à nouveau les mêmes mots reviennent : stigmatisation, peur de l’avenir, manque de considération.

Toujours ces mêmes thématiques, qui sont revenues aujourd’hui, de rencontres en rencontres, sans que cela ne soit à un instant anticipé. Elles me laissent une nouvelle fois l’image forte d’une France pétrie du talent et de l’envie de ses femmes et de ses hommes, mais celle aussi d’une France en quête de reconnaissance, d’encouragements, de regards généreux face à un présent dont on doute et à un avenir parfois craint. Des Français en demande de considération pour repartir à la conquête…

J’achève cette journée avec les militants UMP de Toulouse. Première rencontre avec ces forces politiques de terrain depuis ma démission. Émouvant et chaleureux. Je vous raconterai un jour ce que je leur ai dit ce soir d’avril 2015 avant que le soleil ne se couche. Cela avait un lien avec les conditions à réunir pour imaginer, le moment venu, un nouveau « sursaut français « .

A très bientôt

JFC

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