Le centenaire de la bataille de la Marne – Musée de la Grande Guerre du pays de Meaux

Retrouvez ci-dessous mon discours, hommage à nos soldats et aux valeurs qui font de notre pays ce grand pays capable de se relever, de se dépasser dans les situations les plus compliquées.


Discours de Jean-François Copé - Centenaire de... par fr-generationfrance

Monsieur le Premier Ministre,

Mesdames, Messieurs les représentants des pays étrangers,

Mesdames, Messieurs les élus,

Chers concitoyens,

C’est un grand honneur pour la ville de Meaux de vous accueillir aujourd’hui Monsieur le Premier ministre pour commémorer dans un esprit de rassemblement et de reconnaissance le centenaire de la bataille de la Marne.

Rares sont les batailles qui ont tant marqué nos mémoires et l’âme de notre Nation. Rares sont les événements qui ont tant bouleversé la marche du monde et le cours de l’Histoire.

Ici, dans le pays de Meaux, et de Paris jusqu’à Verdun, sur 250 kilomètres, il y a 100 ans, une des plus impressionnantes contre-offensives de l’histoire a permis d’inverser le cours d’une guerre qui semblait déjà joué.

Depuis des semaines, les Français reculaient sous la percée allemande. Paris était à portée de canon. Le gouvernement avait fui la Capitale pour se réfugier à Bordeaux. Les troupes allemandes s’apprêtaient à fêter la victoire.

Fallait-il baisser les bras et se résigner à la défaite ? Non, l’amour de la patrie et le sens de l’honneur invitaient au sursaut.

Joffre attendait l’instant crucial : il survint le 6 septembre. Au matin, le Général lança toutes ses forces dans la bataille faisant opérer en quelques heures à une armée de 1 million d’hommes, une volte-face unique dans l’Histoire.

Sa proclamation est restée intacte dans nos mémoires :

« Soldats, au moment où s’engage une bataille dont dépend le Salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n’est plus de regarder en arrière… Une troupe qui ne peut plus avancer devra se faire tuer sur place plutôt que de reculer. »

Se faire tuer sur place plutôt que reculer. Avancer. Mètre après mètre. Dans les champs et les marais. Dans les blés et les forêts. C’est l’exploit héroïque qu’ont accompli nos parents, nos grands-parents, nos arrière-grands-parents, ces jeunes soldats venus de toutes les régions de France, sans oublier l’armée d’Afrique et nos alliés britanniques.

Ni même les taxis qui entrèrent dans la bataille et dans la légende !

Tout se joua pendant six jours. A Reims et non loin d’ici. Dans les marais de Saint-Gond, sur l’Ourcq, le Grand et le Petit Morin.

Les combats furent terribles : au cours de ces journées, tous les combattants, français, africains, britanniques et allemands firent preuve d’un courage sans pareil.

« Que des hommes ayant reculé pendant dix jours, que des hommes couchés par terre, à demi-morts de fatigue, puissent reprendre le fusil et attaquer au son du clairon, c’est une chose avec laquelle nous n’avions jamais appris à compter dans nos écoles de guerre… »

Ce sont les mots du général Von Kluck, à la tête de la 1ère armée allemande. On comprend à le lire pourquoi Barrès et d’autres parlèrent de la victoire comme d’un miracle, le « miracle de la Marne. »

Mais chacun le sait, ce ne fut pas la fin de la guerre.

L’écrasement immédiat avait été évité mais le drame de la guerre ne faisait que commencer… Il y eut encore quatre ans de sacrifices, d’héroïsme, de courage avant qu’enfin l’armistice ne fut signée.

C’est toute la singularité de la célébration qui nous réunit aujourd’hui.

Nous commémorons avec une infinie reconnaissance le sacrifice de ceux qui ont donné leur vie pour la Patrie.

Nous saluons l’héroïsme des soldats et le courage des populations civiles qui ont affronté les affres des combats.

Nous nous souvenons avec le même respect des soldats inconnus et des illustres figures.

Les grands officiers, Joffre, Gallieni, Foch, Maunoury, Castelnau, French…

Charles Péguy, tombé juste à côté d’ici, à Villeroy, à la veille de la bataille.

Ces Zouaves, Marocains, Tunisiens, Algériens, qui se sont illustrés par leur héroïsme incroyable.

Monseigneur Marbeau, lointain successeur de Bossuet, qui organisa avec une cinquantaine de Meldois les secours d’urgence, le maintien de l’ordre public et de l’hygiène dans Meaux, évacué et transformé en hôpital de fortune.

Le curé de Varreddes, fusillé par les Allemands pour « espionnage » alors qu’il avait transformé son église en ambulance où il soignait indifféremment tous les blessés.

Ces souvenirs font l’honneur et la grandeur de la France.

Mais dans le même temps, comment ne pas trembler, submergés par le souvenir de la sinistre barbarie ?

Comment ne pas pleurer à l’évocation de ces vies brisées, de ces corps amputés, de ces gueules cassées, de ces familles déchirées ?

« Dans la vie d’un peuple, chaque action du passé entre en compte pour l’avenir ». Voilà le rappel que le Général de Gaulle lançait il y a 50 ans, à Reims, après s’être incliné devant le monument aux morts de Meaux, lors de la commémoration du cinquantenaire de la bataille de la Marne.

50 ans plus tard, cent ans après la bataille, oui, je le redis avec force, « chaque action du passé entre en compte pour l’avenir ».

C’est avec cette conviction chevillée au cœur que nous avons inauguré, il y a moins de trois ans, ce musée de la Grande guerre.

La création du Musée de la Grande Guerre témoigne de la passion collective de notre territoire pour son histoire. Tous les élus de notre agglomération, sans exception, ont accompagné et soutenu ce projet.

Il témoigne aussi de notre volonté de faire grandir la paix sur notre continent. L’amitié entre les peuples. La fraternité avec nos voisins et tout particulièrement avec le peuple allemand, qui est aujourd’hui notre premier partenaire et notre premier allié.

On ne construit pas la paix sur l’ignorance et l’oubli. On construit ce trésor fragile, par le travail continu de la mémoire et de la transmission.

L’idée de créer le Musée de la Grande Guerre a vu le jour en 2004 lorsque nous avons décidé d’acquérir la collection de Jean-Pierre Verney, ce grand français auquel je veux une nouvelle fois rendre hommage. Il a constitué une des plus grandes collections privées au monde d’objets et documents se rapportant à la Première Guerre mondiale : des armes d’époque à ce que l’on appellera plus tard l’artisanat des tranchées.

Sa collection est pour les générations à venir le témoignage passionnant d’une histoire que nous n’avons pas le droit d’oublier.

Je tiens aussi à remercier les équipes du musée sous la direction de Michel Rouger. C’est grâce à leur travail et à leur créativité que le musée de la grande guerre connaît un tel succès populaire, avec plus de 325 000 visiteurs en moins de trois ans.

Monsieur le Premier ministre,

Chaque enfant de France, quelle que soit son origine ou sa condition, peut garder dans son cœur une leçon de cette bataille.

Une leçon qui m’a particulièrement touchée lorsque j’ai travaillé avec mon ami l’historien Frédéric Guelton, afin d’écrire un livre consacré à cette bataille.

Une leçon d’espérance et de courage, qui vaut pour le temps présent.

Aux heures les plus tragiques de notre Histoire, notre Nation a toujours su se rassembler, se relever et affronter des défis que beaucoup jugaient perdus d’avance.

Rebondir quand tout paraît perdu. Se relever au cœur des crises les plus douloureuses. Remonter plus haut quand on est tombé au plus bas. C’est le génie français !

Le général de Gaulle parlait du « génie du renouveau ».

J’y crois profondément. Et je sais que vous y croyez aussi, Monsieur le Premier ministre.

C’est la leçon de la bataille de la Marne. Mais c’est aussi la leçon de Jeanne à Orléans. La leçon de Villars à Denain. De Kellermann à Valmy. De Gambetta après Sedan. De la France libre après le 18 juin.

C’est aussi la leçon de 1958, quand le général de Gaulle a remobilisé les Français et réformé en profondeur notre pays pour en finir avec l’effondrement moral de la IVème République en faisant le choix capital de prendre en 6 mois, par ordonnances, les décisions qui structurèrent l’avenir du pays pour les 30 ans qui suivirent.

N’oublions pas ces précieux exemples alors que le présent est assombri par les crises et les doutes. A chaque fois le « sursaut français » auquel plus personne n’a voulu croire, devient tout à coup une exigence. Mieux, une évidence !

Quelles ont été les clés de ces sursauts, à travers notre histoire ?

La volonté politique et l’aptitude au commandement, bien sur.

Mais le sursaut français n’est pas seulement lié à l’autorité d’un chef. Il naît aussi du courage des françaises et des français, lorsqu’ils dépassent leurs querelles pour suivre le destin commun.

Il est le fruit de la générosité d’hommes et de femmes libres, capables de faire primer l’amour des générations à venir sur les intérêts immédiats du présent.

Monsieur le Premier ministre,

Mes chers concitoyens,

Heureusement, nous ne connaissons plus la guerre totale sur notre continent et les malheurs d’aujourd’hui sont, bien moindres que ceux de nos ainés.

Mais gardons au cœur, cette espérance du sursaut français et suivons aujourd’hui ces exemples du passé pour préparer et protéger l’avenir des enfants de France.

C’est le plus bel hommage que nous pouvons rendre à tous ceux qui, sous le soleil éclatant d’un mois de septembre sont morts il y a 100 ans sur les bords de la Marne, pour le salut de la France éternelle.

Vive la République ! Vive la France !

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