Jean-François Copé ne veut pas d’une "droite molle" IN Ouest France

En amont d’un déplacement de trois jours en Ille-et-Vilaine, Côtes-d’Armor et Finistère, Jean-François Copé s’explique sur son projet. Et, surtout, sur sa méthode, qu’il oppose à celle de ses compétiteurs.

Où en êtes-vous dans l’organisation de votre candidature à travers le pays ?

Je voudrais tout d’abord rappeler que je me suis imposé 18 mois de recul et de silence, à la suite de ma démission de la présidence de l’UMP, compte tenu de cette lamentable affaire, dite Bygmalion, qui est en fait l’affaire des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy. Je m’étais fixé comme objectif d’attendre que la justice confirme mon innocence pour revenir sur la scène politique. Ce qu’elle a bien voulu faire en m’indiquant qu’elle ne me mettait pas en examen en février 2016.

Concrètement, vous en êtes où ?

Mi-février, j’ai donc annoncé ma candidature à la primaire, avec la présentation d’un livre, Le sursaut français (Stock), résultat de 18 mois de rencontres avec les Français, et d’un projet, le seul d’ailleurs à être chiffré. J’ai alors entamé un tour de France pour retrouver tous les relais qui m’ont accompagné pendant mes vingt années d’engagement politique. Je vais parcourir 55 départements d’ici mi-juillet pour partager un projet dont le slogan est d’actualité, au regard de la pression scandaleuse de la CGT pour bloquer le pays : On ne recule plus !

Votre projet est chiffré, mais, sur le fond, qu’est-ce qui vous différencie, les uns et les autres ?

Il y a une première différence, peut-être la plus importante : je suis le seul de tous les candidats à être maire d’une ville de taille moyenne – Meaux – qui est une petite France, avec ses quartiers difficiles, et, tout autour, ses villages qui se sentent abandonnés par Paris. Cette expérience a forgé mon projet politique. Et je me sens très concerné par ce que peuvent connaître les Bretons, la déconnexion complète des milieux parisiens d’avec la France qui est au-delà du périphérique, parce qu’on a oublié les services de proximité, les transports, le haut débit, l’agriculture, la pêche, l’économie locale avec ses TPE et ses PME qui se battent dans la crise. Je suis le seul à pouvoir en parler : ça ne peut pas être à Neuilly, dans le VIIè arrondissement, ni dans la grande métropole bordelaise que cette expérience peut être partagée avec les Bretons. D’où ma rencontre ce vendredi à l’Institut de Locarn.

La deuxième différence ?

Cette élection, c’est la dernière chance d’enrayer le décrochage de la France. Je suis désolé de voir qu’on attache autant d’importance médiatique à la prise d’otage par la CGT des équipements vitaux de la France au point qu’on n’en entend plus le cri de colère, de désespoir de ceux qui souffrent vraiment de la crise, de l’enclavement, qui se sentent recalés des grandes priorités, des infrastructures, de la France « très haut débit ». C’est pour cela que je me rends trois jours en Bretagne.

Et on fait comment pour l’appliquer ?

En appliquant la formule de Jacques Chirac : « un chef, c’est fait pour cheffer » ! Notre pays a en effet besoin de retrouver un commandement. Le choix des électeurs sera entre une droite plutôt molle et puis une droite décomplexée, que j’incarne, qui vise à proposer un projet dont la singularité est que les décisions seront prises immédiatement par ordonnance, un peu comme l’avait fait le général de Gaulle en 1958. Une droite qui n’a pas la main qui tremble quand il y a des décisions courageuses à prendre.

Dans la droite molle, vous y mettez Juppé, Fillon, Le Maire…

Chacun retrouvera ses petits ! La différence est entre ceux qui ont exercé des responsabilités au plus haut niveau, durant le quinquennat précédent – Président de la République, Premier ministre, ministre – et ceux qui n’en ont pas exercé. Moi, par exemple, je n’ai pas été membre des gouvernements de Nicolas Sarkozy. A l’Assemblée, j’étais même à la tête de ceux qui poussaient plus loin. Même s’il y a eu de bonnes choses, ça n’a pas été des réformes suffisamment courageuses.

Mais quand on voit la difficulté à faire passer une loi Travail assez vidée de sa substance, vous ne vous dites pas que ce pays est irréformable ?

C’est bien pour cela qu’on ne peut plus utiliser la procédure législative classique, qui dure 18 mois. Les ordonnances, c’est le contraire de la méthode El Khomri. Si je suis élu Président de la République en mai prochain, je le serai sur les quinze décisions indispensables pour débloquer la France – temps de travail, code du travail, liberté d’entreprendre, sécurité, fiscalité, réforme des retraites, code de la laïcité… L’avantage des ordonnances c’est qu’elles seront applicables immédiatement, comme l’aura souhaité la majorité des Français.

Comment conciliez-vous investissements et 100 milliards d’économies ?

Je propose effectivement 100 milliards d’économies sur le quinquennat, mais il y a en réalité dans mon projet chaque année 47 milliards d’économies et 27 milliards de dépense supplémentaire. Il y a là-dedans des propositions d’économies très fortes : la suppression de l’aide médicale d’Etat pour les étrangers en situation irrégulière, le gel des dépenses de l’Etat et de la Sécurité sociale, la réforme des retraites que personne n’a jamais voulu faire… Mais ce qui compte en parallèle, c’est aussi de libérer les Français et les entrepreneurs de toutes ces charges, normes, contrôles qui les étouffent ! Pensez au scandale du RSI...

Sur quels thèmes va se jouer la primaire ?

La primaire, c’est à la fois un projet et un homme qui va l’incarner. Ce qui me frappe le plus c’est que les gens disent : ce pays n’est plus commandé, depuis des années, pas simplement du temps de la gauche, hélas ! Et qu’ils disent : vous à droite, vous n’avez pas toujours fait ce pour quoi vous avez été élus. Mon atout, c’est de dire aux Français : ce que je propose, le gouvernement par ordonnances, n’a jamais été essayé avant.

Mais pour faire passer les ordonnances, il faut une majorité au parlement. Or, nous sommes dans un paysage très éclaté…

Cette nouvelle donne n’a de sens que si je recueille la majorité absolue à l’Assemblée ! Il est hors de question de gouverner à l’eau tiède. L’enjeu est vraiment entre la droite molle et la droite décomplexée.

Pensez-vous que le calendrier judiciaire peut empêcher Nicolas Sarkozy d’être candidat ?

Vous comprendrez que je n’ai pas de commentaire à faire. La seule chose que je peux vous dire, c’est que moi, si j’avais été mis en examen, je n’aurais pas été candidat.

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