Jean-François Copé : “Sans éducation, il n’y a plus de communauté nationale”

Dans une tribune exclusive pour Atlantico, Jean-François Copé revient en détails sur ses propositions relatives à l’école, afin que celle-ci puisse à nouveau remplir son rôle républicain.

Lors du second débat de la primaire, j’ai été interpellé sur le ton de l’ironie par un journaliste sur certaines de mes propositions pour l’école : lever du drapeau, chant de la Marseillaise et port d’un uniforme propre à chaque école… Ces idées ne font sourire que ceux qui ont perdu l’habitude de traverser le périphérique parisien.

La vérité est que l’école ne remplit plus son rôle républicain car elle échoue à transmettre des savoirs fondamentaux et un référentiel commun basé sur l’apprentissage de notre langue, de notre culture, de notre histoire.

C’est ce problème grave qu’il faut résoudre car seule l’appropriation de ce socle culturel peut permettre à chaque élève de France de prendre conscience de son appartenance à une communauté nationale qui le transcende.

Je crois à la nécessité d’apprendre notre roman national, l’histoire des valeurs et des symboles qui nous unissent. Cela n’est pas contradictoire ni avec l’esprit critique ni avec une approche scientifique de l’histoire. C’est en faisant partager à tous notre héritage que nous ferons pleinement participer demain à la collectivité nationale les enfants de l’immigration. Si nous ne partageons rien, si les lignes de fractures culturelles et communautaires s’avèrent trop prégnantes, comment constituer une nation stable et pérenne ? Lorsque notre école faillit, c’est la République qui se délite, et avec elle une certaine idée de la France.

Une école qui se donne pour objectif d’inculquer des idéologies, comme la très contestée théorie du genre, plutôt que de transmettre un savoir, est une école dévoyée. L’idéologie militante n’a pas sa place dans les programmes scolaires d’une véritable école républicaine. En 2017, nous devrons être capables de mener des réformes très fortes dans un système éducatif qui a été confronté à un travail de sape impulsé par la gauche au pouvoir. Contrairement à ce qu’affirment les idéologues de la gauche, l’école n’a pas vocation à arracher l’enfant à ses déterminismes familiaux et culturels pour lui imposer une idéologie.

Ce n’est pas en reculant dans ses missions premières que l’école jouera son rôle. En abaissant son degré d’exigence, en renonçant parfois à transmettre avec exigence notre langue et notre culture, l’école a davantage renforcé les inégalités qu’elle ne les a combattues reportant à plus tard et sur d’autres critères les moyens de sélection. C’est pour cela que je propose une première évaluation au début du CE2, et une seconde au début du CM2, afin de s’assurer que chaque enfant maîtrise effectivement les savoirs fondamentaux, en permettant notamment aux établissements de pouvoir enseigner jusqu’à cinq heures de cours de français supplémentaires par semaine.

Là où les socialistes souhaitent supprimer progressivement l’enseignement du latin et du grec, il faudrait au contraire l’élargir à tous les élèves, car ces langues sont à l’origine de notre culture occidentale. Et cela n’a rien d’élitiste ! En 2003, a été créée l’association Métis par un jeune professeur de lettres classiques au lycée Jean Vilar situé dans un quartier difficile de Meaux. Elle a pour but de donner accès aux élèves des lycées des quartiers, dont beaucoup sont issus de l’immigration, au meilleur de la culture classique ! C’est un succès incroyable qui a tiré tout le monde vers le haut. L’apprentissage du latin et du grec, la découverte de l’héritage classique antique ont ouvert des horizons improbables à ces élèves, les ont éduqués à une discipline intellectuelle exigeante, leur ont fait découvrir la France et le Français sous un jour nouveau. Leurs résultats globaux ont connu une ascension spectaculaire. Il faut s’inspirer de cette réussite. Dans un monde ouvert, de plus en plus dominé par le numérique, il est essentiel de ne pas se détourner de la richesse de la culture classique qui nous a façonnés.

Nous ne pouvons pas non plus aborder la question de la sécurité et de la délinquance si nous refusons de voir que le premier lieu de l’enseignement de la discipline et de l’autorité est l’école. Lorsque l’autorité de l’instituteur est bafouée, ce sont tous les fondements même de la République et de la société qui sont mis en danger.

L’enseignement de l’histoire doit également être renforcé de l’école jusqu’au lycée, et ne plus être envisagée avec suspicion, reniement ou accusation.

Seule l’histoire répondra à la crise de déracinement que connaissent nos nouvelles générations. Avant de penser à créer des centres de déradicalisation pour soigner les conséquences du problème, faisons déjà en sorte d’éviter que l’école ne produise des déracinés. Comme l’écrivait Charles Péguy « une société qui n’enseigne pas est une société qui ne s’aime pas ; qui ne s’estime pas ; et tel est précisément le cas de la société moderne ».

La France n’est plus la France lorsque l’histoire de nos rois est méconnue, lorsque le baptême de Clovis est oublié ou bien que la bataille de Bouvines n’est même plus étudiée. La Révolution, l’avènement de la République, le soleil d’Austerlitz, les Français des tranchées de Verdun, les fusillés du Mont Valérien représentent autant de hauts faits, à la fois tragiques et héroïques, de notre histoire. Des hauts faits qui nous inspirent et nous obligent. Je refuse que le sacrifice de nos Pères soit oublié. C’est en léguant sans complexe ce passé brillant que nous irons ensemble de l’avant !

Dans ce cadre, les cérémonies de lever du drapeau, le chant de la Marseillaise, des uniformes aux couleurs de l’école constituent autant de symboles contribuant à incarner la République. C’est en assumant notre drapeau, notre histoire, notre langue que nous transmettront l’amour de la France à tous les enfants de notre pays.

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