Congrès, discours de politique générale : la grande incompréhension…
Le discours d’Emmanuel Macron devant le Congrès m’avait laissé sur une incompréhension : pourquoi le Président « Jupitérien », enclin depuis qu’il a été élu à concentrer tous les pouvoirs en ses mains, n’était-il pas allé au bout de sa logique en présentant en détail la politique qu’il comptait mener plutôt que de se contenter d’un énoncé de principes conceptuels ?
L’explication logique aurait été qu’il ait choisit de laisser à son Premier ministre le soin d’annoncer les grandes réformes qu’il comptait porter. C’est ce que j’attendais du discours de politique générale.
Or après le discours prononcé par Edouard Philippe, non seulement l’incompréhension demeure mais elle s’est accrue. Rien de ce qui a été dit durant ces deux jours ne mérite de crier au scandale, certains points évoqués comme la réforme du marché du travail, la revalorisation de l’allocation adulte handicapé et du minimum vieillesse sont mêmes positifs, mais rien ne laisse non plus augurer de la rupture radicale, urgente et ambitieuse dont la France aurait besoin !
Pourquoi la plupart des réformes, notamment fiscales, sont-elles reportées à la fin du quinquennat ?
Pourquoi n’annoncer qu’une baisse d’un point de la pression fiscale d’ici 2022, ce qui ne suffirait pas à effacer la moitié des hausses d’impôts décidées depuis 2007 ?
Pourquoi parler d’une baisse de la dépense publique de 3 points sur 5 ans sans évoquer précisément quels budgets seront ciblés ?
Pourquoi mettre fin à l’état d’urgence sans annoncer en contrepartie des mesures fortes de lutte contre le terrorisme ?
Pourquoi limiter la question de la maîtrise de l’immigration à la seule réforme du droit d’asile, qui ne recoupe qu’une part du problème ? Quid de l’AME, de Schengen, du regroupement familial ?
Pourquoi faire l’impasse sur le sujet, pourtant essentiel, du défi que l’Islamisme radical pose à la République et à la laïcité ?
Pourquoi renvoyer à une « réflexion » la mise en place –indispensable à mon sens !- d’un service national pour les jeunes Français ?
Pourquoi avoir si peu parlé de ruralité et d’agriculture ?
Pourquoi avoir abordé les questions de santé sous l’angle quasi exclusif du tabac et des vaccins ?
Pourquoi n’utiliser les ordonnances que pour la seule réforme du code du travail, alors que tant d’autres sujets urgents, auraient pu être traités par la même voie afin de gagner en efficacité et en rapidité ?
Au final, ces deux moments clés du début du quinquennat auraient dû lever les doutes. Une dynamique aurait dû être créée. Mais les zones d’ombres comme les ambigüités prédominent. Le hiatus entre la posture jupitérienne et le flou du programme inquiète. Vers où nous mène Emmanuel Macron ? Nul ne le sait encore !