Carnet de voyage (1)

Passionnante série de rendez-vous à Washington sur la situation au Moyen-Orient et la lutte contre le terrorisme. Au Département d’Etat, au ministère de la justice, au FBI, au Congrès, je rencontre des personnalités de rang divers, parlementaires ou hauts responsables pour certains, acteurs opérationnels pour d’autres. Je les interviewe longuement avec mes collègues sur leurs activités et leur vision des choses.

Je retiens plusieurs enseignements :

d’abord un énorme défi pour eux, réussir la coordination d’innombrables administrations et agences fédérales et locales (le numéro 2 du FBI section antiterroriste -ex de West Point , au look digne d’être le collègue de Kevin Costner dans les incorruptibles – évoque l’existence de… 17000 polices différentes dans tout le pays). Il est vrai que la menace terroriste aux États Unis pour réelle qu’elle soit n’est pas de même ampleur que chez nous.

Les Incorruptibles (1987)

ensuite une très grande convergence dans la volonté d’agir la main dans la main avec les autorités et services français. Unis dans l’adversité, face à des menaces dont chacun a parfaitement conscience. Outre Atlantique, les attentats de Janvier sont dans tous les esprits et cela m’a touché.

– enfin, il faut aussi le dire, une perception du danger immédiat qui ne peut pas être la même entre l’Europe et les États-Unis, géographie oblige.

Très intéressant sur ce dernier point d’échanger avec les experts des Think tanks. Rand, Carnegie, Hudson Institute (lié depuis longtemps à génération France), ont une analyse très éclairante de la vision américaine du Moyen-Orient. Pour beaucoup d’entre eux, l’ennemi numéro 1 reste l’Iran chiite. Républicains et même démocrates se montrent sceptiques voire très opposés au processus engagé à Genève. Intéressant de voir en revanche que pour certains des chercheurs qui sont allés récemment sur le terrain, en Irak ou en Lybie, il n’y a aucun doute sur le fait que le chaos y est total, et que Daech sunnite, telle une pieuvre, est un ennemi non conventionnel parce que non étatique qu’ on ne peut donc pas combattre avec les méthodes classiques (diplomatie, sanctions économiques ou menaces militaires). Pour nous européens, la lutte contre Daech est l’urgence immédiate et la priorité absolue compte tenu de sa capacité à frapper sur notre continent et à recruter dans des conditions effroyables certains de ses combattants dans nos pays. Mais l’Europe a si peu de moyens militaires à mettre sur la table, et la France dont l’armée réalise des prodiges, ne peut tout porter seule.

Pour les Américains, cela semble si loin… Échaudés par l’Afghanistan, échaudés par l’Irak, lucides sur la Lybie et la Syrie… Ils sont écartelés entre la volonté de ne pas laisser le chaos absolu, et la tentation du terrible « leadership from behind » qui les conduirait inéluctablement loin de nos préoccupations, vers les richesses de la lointaine Asie.

Voilà de nombreux mois que je travaille ce sujet. Contrairement à ce que certains pensent c’est une angoisse majeure dans l’esprit de nos concitoyens. Je rencontre en France comme à l’étranger de nombreux experts issus de toutes les parties prenantes. Le temps viendra où je partagerai avec vous les convictions que je me suis forgées. Parce que la donne géopolitique a profondément changé, la France doit ouvrir une nouvelle page de son histoire diplomatique, avec quelques nouveaux principes qui viendront fortifier l’incarnation d’un « sursaut français. »

Et vous, qu’en pensez-vous ?

A très vite pour un second volet de mon carnet de voyage

JFC

Photo : Rencontre avec Bob Latta au Congrès pour parler d’Iran et de terrorisme.

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