Après l’orage (et avant le suivant)…

Je viens d’entendre le discours de Tsipras devant le parlement grec. Il a suscité chez moi questions, doutes et colère.

Hier, j’ai voté oui au plan proposé pour le redressement de la Grèce, considérant, comme une majorité d’européens, que les réformes d’assainissement proposées par le premier ministre grec étaient compatibles avec les mesures d’accompagnement et de soutien que nous lui proposons.

Sans ces promesses de réformes, le maintien de la Grèce dans l’euro n’avait plus aucun sens.
Avec celles-ci (et à condition qu’elle tienne parole), qu’on le veuille ou non, la Grèce se donne une nouvelle chance. C’est d’ailleurs pour cela que Tsipras a cédé. Une chose est de se faire élire en faisant croire qu’une dette peut être rayée d’un trait de plume par la magie du suffrage universel. Une autre est de se confronter à la réalité : celle d’un Etat de droit qui doit honorer sa signature surtout lorsqu’il bénéficie -personne ne le dit alors que c’est l’honneur de l’Europe- d’un tel soutien financier (environ 220 milliards € de prêts déjà consentis par les Européens depuis 2010 plus les 80 milliards promis dans le cadre du nouveau plan) et politique de la part des autres pays membres.

Autant dire que le discours de Tsipras devant son parlement était à écouter comme un cas d’école. Sa coalition d’extrême gauche et d’extrême droite en a montré les lamentables contradictions. Élu pour dire non à l’Europe voire pour sortir de l’euro plutôt que de poursuivre les réformes de structures de ses prédécesseurs, confirmé en ces termes par le référendum précipité du 5 juillet, le voici en train de demander l’adoption d’un plan qu’il a proposé et dont il indique qu’il « n’y croit pas ». Énorme, non ?

Je souhaite de tout cœur que les Français, quelles que soient leurs sensibilités politiques, méditent les leçons de cette crise. Parce que l’équivalent de Tsipras existe en France aussi avec le tandem Le Pen/Mélenchon dont le programme, comme je l’ai écrit il y a quelques jours, est économiquement le même ! Attention au piège.

Que les partis de gouvernement en France aient à tirer les leçons de leurs insuffisances de résultat en particulier dans la lutte contre le chômage est une évidence. Qu’ils aient à repenser profondément leur doctrine est indispensable. Mais ce qui est certain, c’est que l’option qui consistait à faire croire que le programme du FN et du Front de gauche était la bonne solution, a pris en pleine face le choc des réalités. Je le redis : personne en France ne pourra dire qu’il ne savait pas.

Un mot sur l’action de la France dans l’obtention de cet accord. Je ne veux pas, ici, entrer dans la polémique concernant le rôle qu’a pu jouer ou non le Président Hollande. Je veux en revanche souligner, parce que j’en ai eu de nombreux échos, que les hauts fonctionnaires du Trésor ou du Quai d’Orsay, par leur niveau de compétence technique, ont beaucoup contribué, en coulisses, à permettre aux différentes parties d’aboutir à ce compromis. Il est toujours de bon ton de critiquer la technocratie française, je veux souligner qu’elle sait aussi incarner l’excellence. Nos fonctionnaires seront précieux lorsque viendra le moment du sursaut français.

C’est enfin aux Grecs que je pense. J’ai vu comme vous les images de panique, de tristesse, d’humiliation, de colère dans les rues. Les mesures qui leur sont demandées sont rudes. Mais elles existent déjà (à des degrés divers) dans la plupart des pays de la zone euro. Comment en faire l’économie ? Certes c’est l’affaire de la dette qu’il faut rembourser. Mais c’est surtout un pays qu’il faut remettre à niveau. Comme pour une entreprise ou un ménage.

Mettons nous en situation : vous viendrait-il personnellement à l’idée de refuser de rembourser votre emprunt immobilier alors que vous pouvez y parvenir au moins en partie en vendant des actifs ou en modifiant des habitudes de vie ? Quitte en cas de difficulté à renoncer, aussi dur que cela soit, à certaines dépenses. Certainement pas. Surtout si c’est pour l’avenir de vos enfants !

Je sais que certains économistes, y compris au FMI, émettent des réserves sur la viabilité du plan adopté par le parlement Grec. Il est sûr qu’il mettra du temps à produire des effets positifs. Mais existe-t-il des alternatives plus crédibles ? Pour ma part, je ne vois pas d’autre chemin que la réforme pour redresser durablement un pays ! La Grèce peut le faire. Et l’Europe l’y aidera.

Qu’en pensez-vous ?

A bientôt,

Jean-François Copé

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