Sélection à l’université : cessons l’hypocrisie et assumons la méritocratie

La polémique des derniers jours, au sein même du Gouvernement et au-delà, à propos de la sélection à l’université doit nous amener à poser les bons constats et à apporter de vraies réponses :

D’abord, la sélection existe déjà. Cessons enfin l’hypocrisie, lâche et cynique, de la Ministre de l’Education Nationale, Najat Vallaud Belkacem, qui joue sur les mots pour tenter de masquer la réalité : oui, notre système universitaire sélectionne. Et cette sélection n’est pas seulement visible en master, ou même en première année : elle commence dès le système de « triage » d’APB, avant même le baccalauréat. Ce système est injuste, opaque et couteux pour la collectivité, pour les universités et pour les étudiants. Il faut le remettre à plat.

Alors, face à ce constat, ne tournons plus autour des mots en parlant de « recrutement » ou d’ « orientation active » : cela ne fait que renforcer l’opacité du système. Nous souhaitons faire le contraire de cette hypocrisie : nous voulons une sélection transparente, fondée sur le mérite, pour orienter correctement les élèves vers le cursus qui leur conviendrait le mieux. Le baccalauréat n’est pas, au contraire de ce qu’on en pense, le diplôme qui sanctionne le secondaire : il est le premier diplôme d’enseignement supérieur. Traitons-le comme tel et faisons des résultats obtenus à ce diplôme les premiers indicateurs objectifs du devenir de l’étudiant dans le supérieur.

Cette sélection ne peut se faire que dans le cadre d’une réforme globale qui renforce l’autonomie de l’université : il est plus que temps de lancer l’acte II de cette autonomie. Pour retrouver l’excellence universitaire de notre pays, nous devons laisser une plus grande marge de manœuvre à nos universités en les laissant organiser leur sélection d’une part (en fonction de leurs spécialités, de leurs places, du bassin d’emploi local et des débouchés,…) ; et en leur permettant de moduler les frais de scolarité pour qu’elles puissent enfin se mesurer à la concurrence internationale et à celle des grandes écoles, d’autre part.

Bien sur, il n’est pas question de créer un système d’enseignement supérieur dans lequel seuls les plus aisés pourraient s’en sortir : cette idée est incompatible avec l’idéal méritocratique qui nous anime. Il est impératif d’étendre significativement les bourses pour ceux qui en ont le plus besoin : les étudiants venant des familles les moins favorisées, mais aussi pour les étudiants les plus méritants.

Redonnons à notre système universitaire les moyens de l’excellence par une vraie autonomie, à la hauteur de la puissance que devrait avoir notre pays, et donnons-lui enfin le caractère républicain qui permet à chacun de réussir, non pas en fonction de son adresse postale ou de son milieu social, mais en raison de son travail, de sa volonté et de son mérite.

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