Faire face

Colère, sidération, effroi.

Les mots sont peu de choses lorsqu’il s’agit de nommer l’innommable. Peu de choses face à cette horreur absolue qui a emporté tant de nos compatriotes.

C’est d’abord le cœur qui parle face à la lâcheté sans nom de djihadistes qui croient qu’il y a du courage à tuer au hasard des innocents, pacifiques et désarmés. Ils ne sont pas des héros, encore moins des martyrs. Ils incarnent ce qu’il y a de plus vil dans l’humanité et, pour tout dire, l’inhumanité.

Le cœur qui parle, parce que de tels actes dépassent l’entendement au point que la raison peine à appréhender ce qu’elle ne peut ni comprendre ni expliquer. Parce que c’est au nom d’un obscurantisme qui cherche à nous ramener des siècles en arrière que ces meurtriers aveugles agissent et cherchent à faire triompher la terreur.

Mais c’est la raison qui doit guider notre réaction.

La raison qui exige que notre unique objectif soit l’efficacité de la riposte dans cette guerre que le terrorisme islamiste nous a déclarée il y a maintenant près de quinze ans.

Bien sûr, dans ce contexte dramatique, c’est d’abord l’union nationale qui s’impose. Et je soutiens sans réserve la décision du Président François Hollande de décréter l’état d’urgence et l’ensemble des mesures qui permettent de faire face, ensemble et unis, au deuil national qui nous frappe.

Mais cela ne peut suffire et c’est la raison qui seule permettra de trouver les moyens de remporter cette guerre. Déjà, au lendemain des attaques qui ont endeuillé la France au mois de janvier, je pensais qu’il y aurait « un avant et un après ». Cette terrible nuit du 13 novembre ne fait que le confirmer. Mais mon intime conviction est que nous ne remporterons cette guerre qu’en faisant face sur plusieurs fronts.

D’abord, il faut changer notre politique anti-terroriste. De manière radicale, rapide, sévère. Je propose de créer enfin un parquet national anti-terroriste dédié et de le doter des moyens nécessaires à son action. Je propose d’augmenter massivement les effectifs du renseignement, de la justice, de la police et de l’armée. Les réduire était une erreur historique. C’est l’anticipation qui doit être notre priorité parce que la menace d’une sanction est de nul effet sur ceux qui sont prêts à mourir pour tuer.

Ensuite, il faut avoir le courage de dire que notre diplomatie est totalement inadaptée aux bouleversements auxquels nous devons faire face depuis ces dernières années. Nous avons fait le choix de faire tomber ou affaiblir, au Proche et au Moyen Orient, des régimes dictatoriaux sans mesurer que nous aggravions en fait la situation. La région a sombré dans le chaos. Disons les choses : Daesh n’est ni un État ni un gouvernement. C’est une organisation terroriste sans chef ni visage dont les agissements et les méthodes constituent une menace de chaque instant pour nos démocraties. Il faut enfin, clairement, sous l’égide de l’ONU et avec une coalition internationale, mener la guerre à son terme, même s’il faut pour cela envoyer des troupes au sol. Sinon, ne nous mentons pas, nous ne l’emporterons pas.

Enfin, il faut lutter systématiquement et sans faiblesse contre toutes les formes de radicalisation qui sont, à l’intérieur même de notre pays, le terreau du djihadisme. Sanctionner dans le code pénal, comme on l’a fait pour l’apologie du terrorisme, la « provocation à la haine ou à la violence » qui n’est aujourd’hui qu’un délit de presse. Éloigner immédiatement et sans concession les étrangers radicalisés qui, par leurs propos ou leurs actes, constituent une menace pour l’ordre public et le vivre ensemble. Tout mettre en œuvre pour prévenir la radicalisation et, notamment, rétablir un service national obligatoire de trois mois pour l’ensemble des jeunes au sortir du cycle d’enseignement obligatoire. Un double objectif : conforter le lien républicain et détecter alors qu’il en est encore temps les germes de radicalité.

Ces mesures ont un coût mais la paix et la sécurité n’ont pas de prix.

Nous sommes en guerre. Pour gagner la guerre face à la barbarie, il faut prendre des mesures de guerre.

C’est ensemble que nous devons faire face. Ensemble que nous gagnerons ce combat pour la France, pour la République, pour nos valeurs universelles de liberté, d’égalité de fraternité.

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