Et si on essayait enfin l’apprentissage à l’allemande ?

La journée que je viens de passer à Forbach, en Moselle, à quelques encablures de la Sarre allemande restera d’abord pour moi celle d’une conviction définitivement acquise : il n’y aura pas de « sursaut français » sans une offre radicalement calquée sur celle du modèle allemand en matière d’apprentissage. Voilà des années qu’à droite on pérore sur le sujet sans jamais prendre le temps d’aller voir, de comparer et d’en tirer les conséquences.

Récit. Le matin je visite une PME qui fabrique des produits de sous-traitance automobile. Une vingtaine de salariés qualifiés dans des métiers très pointus d’usinage. Un jeune entrepreneur de 30 ans chaleureux et attentif. Ses équipes que je rencontre en parcourant l’usine me donnent le sentiment d’une vraie fierté collective. Mais Dieu que les problèmes sont lourds et nombreux pour une petite entreprise qui veut rester française ! Vous les connaissez, je vous fais grâce (pour une fois) de la litanie habituelle. Une remarque : je suis frappé par l’exigence élevée de qualification technique requise pour occuper les postes.

Travail d'équipe à l'entreprise Est-Usinage de ForbachTravail d'équipe à l'entreprise Est-Usinage de Forbach

Travail d’équipe à l’entreprise Est-Usinage de Forbach

L’après-midi je visite à Sarrebruck un centre d’apprentissage allemand. Le directeur m’explique : en Allemagne, ce sont près de…70% des jeunes qui passent par l’apprentissage ! Avec un processus totalement différent du nôtre : la plupart des jeunes après le collège, ou le bac, accomplissent 3 ans et demi (contre 1,5 an en moyenne en France) de formation combinant enseignement général/formation théorique en centre d’apprentissage/formation en entreprise. Et ce, dans TOUS les métiers (près de 350 filières différentes) de la mécanique auto aux métiers bancaires en passant par les sciences humaines ! Et c’est le cursus le plus considéré par les employeurs d’autant qu’il n’interdit absolument pas d’aller ensuite en université.

Centre d'apprentissage de Sarrebruck en Allemagne

Centre d’apprentissage de Sarrebruck en Allemagne

Une donnée résume toute la problématique : 16% des 15/24 ans sont en apprentissage en Allemagne contre 5% en France, résultat 24% des moins de 25 ans sont au chômage en France contre 7,5% en Allemagne. CQFD !

De retour à Forbach, j’essaie de partager mon enthousiasme sur ce que j’ai vu dans la Sarre avec un père de famille dont je vois en 5 minutes qu’il appartient à la catégorie « droite exaspérée » : « pourquoi cela n’a-t-il pas été fait quand la droite gouvernait ? « 

En tous cas la chose est entendue pour moi. La polémique actuelle sur la « réforme « du collège est à des années lumières de cet enjeu : faire en sorte que les jeunes de France puissent demain posséder un métier plus encore qu’un diplôme. Et pour cela, à l’image de ces jeunes allemands que j’ai vu souriants et fiers sur leurs ateliers, veiller à ce qu’ils prennent confiance en eux-mêmes. La confiance, premier ressort mental d’une grande nation.

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JFC

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